Vivant à Paris, la street photography s’impose comme un style évident et à raison. Prendre en photo des personnes dans la rue absorbées par leur quotidien, des personnes qui souvent ne se rendent pas compte lorsqu’ils deviennent notre sujet, c’est faire un arrêt sur image. Ces inconnus sont alors dans un moment de complète honnêteté avec l’objectif: au milieu d’un éclat de rire, d’une conversation ou simplement en train de marcher le plus vite possible vers une destination lointaine.
Cet aspect de la photographie m’attire. Plus dynamique, elle demande non seulement de toujours être en alerte sur ce qui se passe dans notre environnement, mais aussi de faire preuve d’une réelle réactivité. Lorsque que l’instant de photographie est passé, et l’opportunité est manquée, celle-ci peut ne jamais se remontrer. Il faut donc la saisir lorsqu’elle se présente.
Mais, c’est aussi un style qui demande une réelle confiance en soi. Lorsque je discute avec d’autres photographes amateurs, le constat est presque toujours le même. Nous avons peur de sortir notre appareil photo, de le pointer sur des personnes que nous ne connaissons pas et de leur montrer nos intentions. Nous avons peur de déranger nos inconnus ou d’avoir des retours très négatifs de leur part.
Et pourtant, lorsque je compare l’ampleur cette peur avec mon expérience, la conclusion reste toujours la même. Il ne faut pas avoir peur. Au contraire, les réactions se rejoignent souvent et sont généralement positives. Il y a toujours au début, lorsque je me fais remarquer, une certaine incompréhension. Je peux sentir les interrogations se bousculer. Comme s’ils ne pouvaient pas croire qu’ils soient assez intéressants pour être le sujet d’une photo. Puis vient la compréhension, la réalisation de l’interêt que je leur porte. Les réactions peuvent alors varier, un mouvement de recul instinctif, un rire gêné, un sourire en coin. J’ai appris que le mieux était alors de se vouloir rassurant et de transmettre son enthousiasme et sa bonne humeur. Pour les échanges plus brefs un simple sourire en retour peut apaiser de manière visible. Ou alors, lorsque c’est possible, une explication brève et compréhensible permettant de laisser transparaitre la réelle nature de ma démarche. Et, je peux voir alors que ces connaissances d’un jour se sentent presque flattées de cet interêt et parfois mieux encore, elles se prêtent au jeu et me laissent continuer.
J’ai bien eu des retours négatifs mais très rarement. Je ne cherche pas à mettre les gens dans des situations inconfortables où ils se sentent agressés dans leur quotidien. Ce n’est pas mon objectif. Alors, dans ces cas là, je n’insiste pas et passe vite à autre chose.
Malheureusement, même si très minoritaire, on a souvent tendance à mieux se souvenir de ces fois là. Et lorsque vient le moment de faire une nouvelle sortie photo cette peur et ce manque de confiance ressurgit. Mes photos sont alors mes meilleures amies. Elles sont une preuve incontestable de ce qui se passe lors que je prends mon courage à deux mains. Elles sont un rappel vers ces moments de connivence avec ces inconnus. Et, comme le diraient certaines personnes très sages “qui ne tente rien n’a rien”. Il faut savoir oser, expérimenter et sortir de sa zone de confort. Le résultat en vaut toujours la chandelle!